NOUVELLE Chronologie des médias : l’essor des plateformes modifie la donne
Chaînes de télévision, diffuseurs et parties prenantes du cinéma ont abouti à un accord sur une nouvelle chronologie des médias. En fonction de la contribution des plateformes à la production cinématographique, elles peuvent diffuser les films entre 12 et 17 mois après leur sortie contre 36 jusqu’ici, passant devant les chaînes de télévision gratuites…
Sujet brûlant, la chronologie des médias régit les dates auxquelles les films peuvent être diffusés, en ligne et à la télévision notamment, dans les mois qui suivent leur sortie au cinéma. Depuis la crise sanitaire, les fermetures ponctuelles des salles ont accéléré un processus déjà en place depuis plusieurs années dans l’industrie cinématographique : celui de la montée en puissance des plateformes de SVoD. En 2021 lorsqu’elles avaient signé une convention avec le CSA – pour la transposition en France de la SMA – stipulant entre autres choses leur contribution substantielle à la production française de 20% et 25% de leur chiffre d’affaires net, en contrepartie, une réorganisation de la chronologie des médias était attendue. Ce fut chose faite en janvier 2022 grâce à la signature d’un accord interprofessionnel sur une nouvelle chronologie des médias et son entrée en vigueur en France le 10 février 2022.
Une chronologie qui raccourcit les délais
Outre l’intégration des plateformes au modèle de financement, cet accord a pour ambition d’évoluer avec son temps et d’intégrer les pratiques des spectateurs à un système qui peut potentialiser plus d’investissements pour la production tout en préservant une diversité cinématographique.
Globalement cet accord permet de raccourcir les délais de toute la chaine mais les films resteront l’exclusivité des salles de cinéma pendant 4 mois exception faite de ceux ayant réalisés moins de 100 000 entrées le 1er mois. Il n’y a pas de changement pour la vente et la location (DVD et VoD) qui pourront se faire 4 mois après la sortie en salle.
Canal+ diffusera les films six mois après leur sortie
Le premier grand changement concerne la télévision payante Canal+ qui est passé à 6 mois, tout en conservant une durée d’exclusivité de 9 mois, l’engagement de Canal+ pour la création ayant été porté à 190 millions d’euros par an en faveur du cinéma français.
Une bonne place pour Netflix
Le deuxième concerne celle des services de vidéo à la demande par abonnement (SMAD). Netflix, seule plateforme étrangère signataire, a la possibilité désormais de diffuser un film 15 mois après sa sortie en salle avec un maximum de 7 mois d’exclusivité. En contrepartie, elle a signé un accord avec les organisations du cinéma français (BLOC, ARP, BLIC) le 22 février dans lequel elle s’est engagée à produire une dizaine de films par an en France, flécher 17% de ses préfinancements sur des petites productions et à investir un minimum de 30 millions d’euros pour la création cinématographique originale française (soit 4% de son chiffre d’affaires net réalisé en France).
Les plateformes non signataires (Disney+ et Prime Video) devront respecter un délai de diffusion de 17 mois après la sortie d’un film, contre 36 tout de même avant, et ne pourront prétendre qu’à un maximum de 5 mois d’exclusivité.
Les chaînes de télévision gratuites (Arte, TF1, M6…) voient également leur délais raccourcis à 22 mois au lieu de 30, contre 3,2% de leur chiffre d’affaire en investissement pour la production.
Et enfin, après 36 mois, les films pourront être exploités par les services média audiovisuel gratuits (Pluto, Rakuten…) ou dès 12 mois par dérogation pour les films non achetés par les diffuseurs précédents.
Pour retenir ce qui a changé…
POUR aller plus loin…
>>> La crise sanitaire accélère-t-elle le passage du grand au petit écran ?
>>> Pour comprendre l’industrie cinématographique : Parcours d’un film jusqu’à la salle de cinéma