Au cœur de l’innovation cinéma
Le Hackathon du cinéma revient au Sommet des Arcs du 20 au 22 décembre 2023. L’événement challenge les équipes, guidées par des mentors, à inventer de nouvelles façons de vivre le cinéma en salle. À la clé : 10 mois d’incubation au sein de la troisième promotion Futur@Cinéma. Découvrez les coulisses de ce haut lieu de l’innovation avec Alix Ménard, une habituée du challenge.
Le challenge Futur@Cinéma
À la suite d’un appel à candidatures ou du hackathon, une cinquantaine de professionnels sont sélectionnés par Futur@Cinéma, qui va les accompagner et accélérer leurs projets innovants, du concept au prototype, de l’idée à l’expérimentation. L’équipe leur apporte conseils, expertise et mise en réseau, en vue de développer leurs initiatives en solutions pérennes.
Lauréate 2021, avec le Festival Imperceptibles, basé sur des séances secrètes accessibles après un parcours urbain de jeux en réalité augmentée, Alix Ménard revient sur son expérience au sein de l’incubateur.
Elle est actuellement cheffe du Développement / des projets chez Première Cinémas (GPCI, GECI et ARTEC).
Alix, tu t’es engagée deux fois dans ce challenge. Pourquoi ?
J’ai initié la création d’un laboratoire, rassemblant toutes les personnes travaillant dans la salle, où chacun abordait les problématiques que je rencontrais à ce moment-là. L’idée était de réunir des profils variés, anticipant ainsi l’émergence de nouveaux projets. Le Labo des Cinémas Indépendants Parisiens, né en janvier 2021, se concentre sur la conceptualisation d’actions mutualisées et d’expérimentations communes visant à captiver durablement le public des 15-30 ans. C’est à ce moment-là que je me suis lancée dans le challenge.
Ainsi sont nés le « Breakfast Club » organisé par le public étudiant et l’initiative « Open Screen Club » qui offre la scène à tous, orchestrée par des animatrices à la manière de Djamel, insufflant une ambiance sympathique et humoristique. Chacun peut présenter ses créations sonores et visuelles, dans une transposition des soirées open mic (micro) adaptée au cinéma.
Finalement à mi-parcours, j’ai formé une équipe avec Robin Pierre, un étudiant que j’ai rencontré, pour le festival Imperceptibles.
L’idée sous-jacente était d’explorer une possible passerelle entre ces différents types d’événements, en identifiant un public commun. Notre ambition était de le retrouver lors de ces projets itinérants, participant ainsi à la dynamique de ce circuit de salles, et on y est arrivé !
Pour la deuxième année, je souhaitais explorer d’autres questionnements, de nouveaux récits, et promouvoir la sobriété joyeuse avec des séances qui réemploient films et invendus alimentaires. Le projet s’appelle « Loops » mais je n’ai pas encore pu le mettre en place.
Comment cela s’est-il déroulé ?
On peut soit mener un projet ou rejoindre une équipe au sein de Futur@Cinema. Avec ou sans projet, seul ou à plusieurs, tout le monde peut candidater. A chaque étape, les locaux où nous sommes accueillis nous racontent leur façon de travailler. Il y a 5/6 étapes qui sont, soit des temps avec ton équipe et d’autres, avec des experts (juridique, comptable…). On va écouter aussi lors de plénières des professionnels en poste. L’idée est que d’étapes en étapes, tu t’autonomises sur ton projet. C’est ultra stimulant. On rencontre plein de gens d’horizons professionnels différents. C’est très nourrissant pour l’industrie de l’exploitation.
Que souhaites-tu apporter aux spectateurs et spectatrices de la salle de cinéma avec ces nouveaux projets ?
La salle est un lieu incroyable. Il y a tellement de choses à y imaginer. Mon désir est d’enrichir cet espace sans le soumettre à une surabondance d’événements. Je souhaite préserver son essence de salle de cinéma tout en permettant aux spectateurs de s’approprier le lieu. Participer à la programmation est une piste.
À Strasbourg le Cosmos ou la Forêt électrique à Toulouse, ce sont des lieux qui me font rêver. Ces salles qui sont des sortes de tiers lieux bien implantés en accord avec l’histoire de leur territoire, sont des projets cohérents et intelligents. Je veux continuer à travailler dans le sens du changement et le faire avec les équipes des cinémas qui sont toujours les premières à avoir envie d’autre chose.
Qu’est-ce que l’innovation pour toi ?
J’aime l’hybridation. Je ne veux pas innover pour innover. J’ai beaucoup progressé sur ce sujet depuis Imperceptibles. Après une enquête de satisfaction auprès du public, il en ressort qu’ils ont apprécié le côté thématique et secret du spectacle. Pour eux, c’était une expérience complète entre la performance artistique et le film, mais la réalité augmentée pour accéder à la salle a été peu évoquée. Bien que le projet reposait beaucoup sur le jeu et la technologie, le public, lui, a surtout retenu l’aspect humain en salle. Pour moi, l’innovation va au-delà de la DATA !
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Crédits photo © Futur@Cinéma