Collectif de spectateurs : quand le public programme des films dans son cinéma
A Boulogne, l’association de cinéphiles Écran d’Opale, est plus que jamais investie pour défendre un autre cinéma. Participant pleinement à la vie de la salle Megarama Les Stars, ces passionnés de cinéma optent pour la coopération comme philosophie centrale. Collaboration à la programmation et animation du lieu, le rôle des spectateurs devient toujours plus actif…
Même si la salle de cinéma n’est plus l’unique endroit où se forge une cinéphilie, sa fermeture prolongée pendant la crise sanitaire n’a fait que renforcer son rôle privilégié de lieu physique d’expérience et de lien social. De nouvelles tendances, comme la participation du public dans une approche inclusive et ludique, se dessinent et l’initiative d’Écran d’Opale illustre parfaitement ce mouvement. Les spectateurs font partie de leur salle et l’enrichissent de leur contribution.
Pourquoi un collectif de spectateurs ?
Écran d’Opale a été créé en 2018 dès l’annonce de la construction d’un nouveau multiplexe à Boulogne-sur-Mer. Inquiets, un certain nombre de spectateurs se mobilisent pour le maintien de la diversité de l’offre cinématographique et notamment celle Art et Essai, à laquelle ils sont particulièrement attachés. Même si aujourd’hui le grand Mégarama n’est pas encore sorti de terre et n’a pas encore remplacé le cinéma du centre ville, Écran d’Opale ne faiblit pas et participe pleinement à la vie de la salle actuelle. Reposant sur le bénévolat de ses membres et en attente d’une convention de partenariat en passe de concrétisation avec le futur complexe, une équipe d’une dizaine de personnes participent régulièrement à la programmation et à la communication des activités et événements proposés.
Une relation nouvelle de la salle avec les spectateurs – Qui sont ces spectateurs passionnés ?
Comptable, entrepreneur, enseignant, libraire, agent administratif, étudiant, retraité… tous s’unissent au sein d’Écran d’Opale pour promouvoir un autre cinéma et transmettre leur amour pour l’œuvre cinématographique. Véritable geste militant, ces spectateurs engagés portent un discours plus inclusif avec une ouverture vers des cinématographies moins visibles, naturellement mélangées à un cinéma identifié comme plus « commercial ». La liaison trop souvent répandue entre films confidentiels et ennui, n’est pas de mise pour eux. Ils prônent une recommandation entre pairs qui commence à porter ses fruits, comme en témoigne Frédéric Fauvelle, président de l’association, au sujet d’un échange avec un spectateur venu à une de leurs séances.
« C’est typiquement le genre de film que je ne serai jamais allé voir spontanément ! C’est votre label Ecran d’Opale qui m’a encouragé à me déplacer. » Il était ravi et nous aussi. Nous commençons à être prescripteurs, pour nous c’est très valorisant. »
De nombreuses perspectives s’ouvrent à eux avec des projets comme une exposition en partenariat avec la municipalité ou encore un hommage à Alain Resnais. Cette approche collaborative de la cinéphilie ne fait que s’amorcer et épouse les nouvelles pratiques d’un public dont la salle fait partie.
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