Éducation aux images à l’heure des réseaux sociaux
Bientôt une nouvelle publication
Ils fascinent autant qu’ils effraient… Gabrielle Stemmer, réalisatrice et Anne Alombert, philosophe, deux personnalités engagées, donnent de leur voix sur ce paradoxe des réseaux sociaux dans la prochaine édition de l’Acap qui croisera les regards de cinéastes et de professionnels sur la question de l’éducation aux images à l’ère du web social.
Après deux rencontres professionnelles régionales interrogeant les transformations apportées par le numérique dans nos pratiques (Rêver les écrans, demain et Web social, terrain de jeu sans limite), l’Acap clôt la trilogie avec la publication prévue en juin 2023 d’une nouvelle édition de la collection La Fabrique du Regard.
Faire un film sans caméra : les desktop movies de Gabrielle Stemmer
Les desktop movies, vous connaissez ? C’est une forme de création audiovisuelle contemporaine dont le contenu est uniquement issu de ce qui peut se passer sur nos écrans d’ordinateurs ou de téléphones. S’appuyant sur un fin travail de montage, ces films interrogent et rendent compte de nos rapports au monde 2.0.
Pour la monteuse et réalisatrice Gabrielle Stemmer, il s’agit surtout d’explorer les communautés féminines sur les réseaux sociaux pour en questionner les formes d’auto-représentation. Cette ancienne étudiante en montage à la Fémis, en a fait son film de fin d’études Clean with me (after dark) (21’20’’, 2019). Ce court métrage documentaire, qui a remporté le prix spécial du jury du festival de Clermont-Ferrand en 2020, interroge le phénomène des vidéos de ménage sur YouTube. Il est une première approche d’autres travaux qui vont suivre : Bollycoco IRL (portrait d’un avatar féminin dans Second Life, 13’, 2020), Women on TikTok (exploration de comptes de femmes pendant le confinement qui « éduquent » leurs hommes à l’entretien de la maison, 4’, 2020) et Femmes sous algorithmes (mini-série documentaire en cours de production pour Arte, sous forme d’enquête en 6 épisodes sur le YouTube féminin).
En parallèle de ses travaux personnels, Gabrielle Stemmer a récemment collaboré, en tant que monteuse, avec Bertrand Bonello (Coma) et Céline Devaux (Tout le monde aime Jeanne).
« Panser les écrans » et « bifurquer » : Anne Alombert, une philosophe engagée dans le Conseil national du numérique (CNnum)
Pour aider à y voir plus clair dans les paradoxes des réseaux sociaux qui transforment indéniablement nos sociétés, pourquoi ne pas faire un pas de côté vers la philosophie ? Prendre du recul et observer les enjeux anthropologiques des transformations technologiques, c’est l’exercice auquel a bien voulu se prêter Anne Alombert, qui signe le texte de la première partie de cette édition.
Anne Alombert est maître de conférences en philosophie contemporaine à l’Université Paris 8. Elle est auteure d’une thèse consacrée aux questions de l’humain et de la technique dans les œuvres de Jacques Derrida et Gilbert Simondon. Elle est co-auteure du livre collectif Bifurquer (co-écrit avec Bernard Stiegler et publié en juin 2020) et auteure du livre Schizophrénie numérique (à paraître en avril 2023). Ses recherches portent sur la question des rapports entre vie, techniques et esprits, ainsi que sur les enjeux contemporains des transformations technologiques que nous vivons.
Elle contribue depuis 2021 aux réflexions partagées au sein du CNNum, au même titre que 20 autres membres aux expertises diverses : philosophes, sociologues, psychologues, anthropologues, parlementaires, économistes, etc. Elle y a notamment porté, en collaboration avec Olga Kokshagina, la réalisation du dossier Votre attention s’il vous plaît ! Quels leviers face à l’économie de l’attention ?, sorti en janvier 2022.
À lire :
- Panser les écrans et les esprits, séminaire en ligne, de février à juillet 2022
- Votre attention s’il vous plaît ! Quels leviers face à l’économie de l’attention ?, rapport du Conseil National du Numérique, janvier 2022
- Bifurquer, ouvrage rédigé par le collectif Internation, sous la direction de Bernard Stiegler, éditions Les liens qui libèrent, juin 2020