Un réseau d’éducation aux médias pionnier en France
Né d’une initiative portée, en 2017, par sept structures du territoire régional, EMI’cycle, le réseau de l’éducation aux médias et à l’information en Hauts-de-France, va prendre en 2021 une nouvelle ampleur : pour une durée de trois ans, il a obtenu un soutien de la DRAC Hauts-de-France pour asseoir son fonctionnement. Un réseau engagé et militant qui fait déjà des émules au niveau national…
Trois années nécessaires à sa structuration
Parce qu’un réseau ne se crée pas en un jour ! Surtout si l’on vise l’horizontalité des décisions et la recherche d’une participation active de ses membres, comme le préconise le Manifeste d’EMI’cycle, lui-même écrit à plusieurs mains.
Depuis sa création, EMI’cycle s’élargit, agglomère de nouveaux membres et invente au fur et à mesure une manière de travailler en commun. C’est ce qui en fait sa richesse : la construction collective et progressive d’un espace d’échanges, de débats et de mutualisation des pratiques.
Il faut dire que le champ de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) est vaste. Amandine Kervella, enseignante chercheuse à l’initiative du collectif EDUmedia, le souligne dans un des textes de pré-figuration du réseau : « les acteurs qui prennent en charge l’éducation aux médias et à l’information proviennent d’horizons variés : éducation nationale, éducation populaire, journalisme, etc. Certains sont spécialistes de l’image, d’autres du numérique, du son, du texte, de l’éducation, de l’animation, etc. (…) Face à cette diversité d’acteurs et d’orientations, EMI’cycle souhaite contribuer à l’émergence de projets collaboratifs, qui permettent de combiner les savoir faire et les domaines d’expertises de chacun ». De par cette multiplicité d’acteurs et de profils, l’apprentissage d’une collaboration et d’une connaissance mutuelle ne peut se faire que de manière progressive.
UNE FÉDÉRATION D’ACTEURS SUR DES QUESTIONS CRUCIALES
Si ce réseau a suscité très vite un engouement et fédéré de nombreux acteurs (une quarantaine de membres à ce jour), c’est qu’au-delà du partage d’informations, ce réseau permet de se mobiliser sur des questions devenues cruciales.
Clémence Boulfroy, directrice de l’association Carmen qui coordonne le réseau, le rappelle : au moment du lancement du questionnaire aux acteurs du territoire leur demandant s’ils souhaitaient créer un réseau et pourquoi, les premières réponses étaient avant tout « pour pouvoir être informés », « pour se connaître ». Mais les premières réunions ont révélé un besoin plus fort : celui de se fédérer pour porter une voix commune et dépasser les actions ponctuelles en se coordonnant.
Il s’agissait aussi de répondre à un besoin avéré : l’EMI, mise sur le devant de la scène suite aux attentats de Charlie Hebdo, était devenue un axe important des politiques publiques. Dès les premières réunions, les membres ont souhaité faire valoir que la nécessité de l’EMI ne résidait pas seulement dans une prévention contre les théories complotistes, mais aussi dans une recherche plus large face au constat d’une transformation accélérée des modalités d’information.
Au-delà d’offrir un espace de formation permanent pour chacun de ses membres, le réseau cherche à mieux coordonner les pratiques sur le territoire régional visant à une équité d’accès pour les publics et un meilleur impact de l’action EMI. « Aucun acteur ne peut prétendre être compétent face à l’ensemble des demandes en matière d’éducation aux médias et à l’information : la collaboration entre structures et entre acteurs est la meilleure manière de relever intelligemment les nombreux défis posés dans ce domaine », poursuit Amandine Kervella.
UN RÉSEAU RICHE POUR SES MEMBRES
La naissance de ce réseau a été concomitante de la fusion du Nord – Pas-de-Calais et de la Picardie. L’envie de se réunir est née d’un besoin de mieux connaître les acteurs qui allaient bientôt travailler sur un territoire commun et d’un besoin de cohérence dans les pratiques et les logiques territoriales.
« Mieux se connaître en faisant ensemble ». Clémence Boulfroy se rappelle : les comités initiaux de pilotage s’apparentaient à une première prise de connaissance de chacun, mais ils sont devenus très vite, au-delà d’une instance de décision, un véritable espace de réflexion commune et de co-construction, en cohérence avec les principes de l’éducation populaire.
Chacun trouve une manière de prendre part à ce réseau : par le biais de formations partagées, d’actions mutualisées, d’échanges d’informations sur la mailing list ou le site Internet, de groupes de travail thématiques ou de participation aux comités de pilotage.
UN LIEN FORT ENTRE ÉDUCATION AUX MÉDIAS ET ÉDUCATION AUX IMAGES
L’éducation artistique aux images n’est pas sans lien avec l’EMI. Pour preuve, diverses associations audiovisuelles se retrouvent dans EMI’cyle, à l’instar de l’Acap, qui fait partie des membres fondateurs de cette dynamique régionale. Il existe des ponts autant dans les contenus (l’information passant désormais très largement par les images), que dans les démarches et les objectifs d’expression citoyenne et d’émancipation personnelle.
Pour aller plus loin sur la question des liens entre EMI et éducation aux images : un dossier sur Le Fil des Images.
QUELLES PERSPECTIVES POUR LE RÉSEAU ?
Le soutien de la DRAC va permettre notamment de le doter de moyens humains. C’est une des difficultés inhérentes à tout réseau : trouver le temps de s’extraire des actions quotidiennes pour coordonner et mettre en œuvre ce qui aura été décidé lors des réunions.
La première année sera donc consacrée à la partie ingénierie, permettant de construire le programme de l’année deux qui sera dédiée au renforcement de l’accompagnement des membres (formations, mutualisation d’outils, création de dispositifs, etc), avant d’installer les projets pour l’année trois.
Comment rejoindre la dynamique ?
Si vous êtes une structure mettant en œuvre des projets EMI et que vous souhaitez participer à la consolidation de ce réseau, n’hésitez pas à contacter l’association Carmen pour plus d’informations et rejoindre les autres membres déjà inscrits dans la cartographie d’EMI’cycle.
Plus d’infos sur le site EMI’cycle
Crédit photo : EMI’cycle © Bryan Radio Graf’hit