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Le cinéma, l’audiovisuel :
ça commence au lycée !

Les enseignements artistiques sont largement plébiscités par les jeunes et soutenus par la filière cinéma. Grâce à l’engagement des enseignants et des professionnels, ils séduisent toujours plus de lycéens et contribuent à éveiller les spectateurs de demain.

Partenaires depuis 2007 de cet enseignement qu’il soit optionnel ou de spécialité, nous sommes allés à la rencontre de Véronique Roseau, enseignante au lycée Saint Pierre à Abbeville et Jade, ancienne élève de l’option cinéma.

 

Comment se déroule l’enseignement optionnel cinéma ?

Véronique : L’option cinéma et audiovisuel est ouverte à tous les élèves et se déroule de la seconde à la terminale. Si les effectifs le permettent, nous pouvons accueillir des nouveaux élèves en cours de cursus. Cependant, l’idéal est de suivre les trois années pour avoir un socle d’enseignement complet. L’enseignement propose un axe pratique (écriture, tournage, postproduction) et un axe culturel (découverte des œuvres cinématographiques, analyse de film, histoire du cinéma). Il a lieu pendant 3 heures par semaine au cours desquelles les élèves découvrent des œuvres cinématographiques et travaillent leurs projets.

 

Combien d’élèves sont inscrits à l’option à Abbeville ? Combien d’établissements proposent cette option en région ?

Véronique : L’année dernière, nous avions un effectif de 46 élèves, c’est un effectif important qui atteste de l’engouement des élèves pour cette option. Sur les Hauts-de-France, nous comptabilisons 36 établissements (enseignement optionnel et de spécialité), dont 3 dans le département de la Somme. 

 

Qu’est-ce qui t’a poussé à t’inscrire à l’option cinéma et audiovisuel ? 

Jade : L’option cinéma-audiovisuel s’est imposée naturellement à moi. Je trouvais que c’était une grande chance de pouvoir suivre une matière supplémentaire intéressante et un avantage non négligeable dans un dossier, surtout en vue de mon projet professionnel : le journalisme audiovisuel.

 

Depuis combien de temps enseignes-tu auprès des élèves l’option cinéma et audiovisuel ? Quel est ton parcours ? 

Véronique : J’ai commencé à enseigner le cinéma au lycée Saint Pierre avant que l’option n’apparaisse en 2007. En 2004, j’ai ouvert un ciné club au lycée. Avec ma collègue, nous étions déjà dans des accroches autour du cinéma : nous participions au dispositif Lycéens et apprentis au cinéma, allions à la cinémathèque, emmenions les élèves inscrits au ciné club au festival de Cannes… La direction a souhaité ouvrir l’option cinéma et audiovisuel au lycée et nous sommes devenus partenaires de l’Acap.
À la base, je suis très intéressée par le cinéma. En français, je m’arrangeais toujours pour inclure le cinéma dans mon enseignement. Entre 2004 à 2006, je me suis lancée dans une formation pour laquelle j’ai pu bénéficier de 60 journées au total dont les journées d’analyse filmique annuelles proposées sur Lycéens et apprentis au cinéma. En 2006, j’ai eu ma certification complémentaire pour enseigner cette option. 

 
L’enseignement du cinéma, comme le cinéma lui-même, est un travail d’équipe. Comment as-tu travaillé en groupe ?

Jade : Pour le travail en groupe, nous avons mis un point d’honneur à rester soudés pour construire le film ensemble, à l’aide de nos compétences complémentaires. De l’écriture jusqu’au tournage, nous avons pris chaque décision à l’unanimité en laissant une place primordiale au dialogue. Pour le tournage, nous nous sommes attribués une fonction, mais ce fonctionnement n’a pas interféré sur notre cohésion. Concernant le montage, une personne avec les connaissances requises avait la main sur le logiciel et le reste du groupe réfléchissait avec elle pour obtenir le résultat escompté.

 

Qu’apporte l’intervention des professionnels pour les jeunes sur ce type de projet ? 

Véronique : C’est une richesse considérable de recevoir des professionnels en classe ! Ils apportent leur expérience, des conseils, des anecdotes de tournage. Les élèves écoutent toujours différemment un professionnel d’un enseignant. Cela ouvre de nouveaux horizons pour les élèves. Nous avons pu recevoir des professionnels très différents (acteur, ingénieur du son, producteur…) et cela leur fait découvrir des métiers qu’ils ne connaissent pas du tout ou très peu. Les élèves me disent en fin d’année qu’ils ne regardent plus les films de la même façon. Ils ont un regard qui s’est nourri, cultivé et les intervenants y sont pour beaucoup !

 

Selon toi, que t’ont apporté les interventions des professionnels ? 

Jade : Les interventions ont été très enrichissantes. Elles permettent de prendre du recul sur le film qui nous tient tant à cœur, quitte à perdre un peu d’objectivité sur notre travail, sans oublier les aspects éducatif, technique et professionnel. Les intervenants nous transmettent leur savoir, leur expérience et nous épaulent à chaque instant sans modifier l’identité de notre film. Sans eux le projet serait sans doute réalisable, mais beaucoup plus périlleux. La réalisation d’un film est une expérience unique et inoubliable.

 

Cet enseignement a-t-il dû s’adapter aux nouvelles pratiques des jeunes et à la profusion croissante des écrans, des images… ? Cela a-t-il changé ta manière d’enseigner ou de concevoir ces ateliers avec les jeunes ?

Véronique : Un enseignant doit toujours s’adapter ! (Rires) Le monde et les techniques évoluent. Jamais je ne n’aurais pensé faire des cours en visio par exemple. Aujourd’hui, je dis « J’espère que vous avez rangé vos documents sur les tablettes ! ». Aujourd’hui la tablette et le téléphone peuvent être des outils de travail permettant également de filmer. Nous les utilisons parfois, cependant, l’ambition de l’option cinéma et audiovisuel est que les jeunes sachent utiliser du matériel professionnel.

 

En dehors des ateliers au lycée, fais-tu des vidéos ?

Jade : J’ai participé à diverses réalisations en dehors du cadre scolaire : des projets audiovisuels sportifs ou encore sur le devoir de mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Sinon de manière générale, je filme simplement à l’aide de mon téléphone lors d’évènements particuliers pour en garder des souvenirs concrets et pour m’exercer.

 

Cet enseignement permet-il de faire émerger des vocations professionnelles tournées vers la création ?

Véronique : Oui. J’ai un nombre croissant d’élèves qui s’orientent vers les métiers du cinéma ou vers des métiers de création. Chaque année, j’ai des élèves qui partent en fac de cinéma ou écoles de communication, de journalisme…
D’autres part, j’ai déjà eu des retours d’anciens élèves qui ont été très aidés par cet enseignement lors de leurs études supérieures dans lesquelles on peut demander des résultats sous le format vidéo. J’ai également des anciens élèves qui sont aujourd’hui des réalisateurs, une autre ancienne élève produit des vidéos pour des entreprises, d’autres partent dans des filières littéraires avec des options médias, cinéma… J’en suis très fière !

 

Que retiens-tu le plus des trois années d’enseignement cinéma ? Comment envisages-tu ton avenir ?

Jade : Ces trois années d’enseignement cinéma resteront ancrées en moi, notamment grâce aux nombreuses opportunités qu’elles ont offert. En effet, j’ai eu la chance de faire partie de jurys jeunes lors de différents festivals ou encore d’assister au festival de l’Alpe d’Huez. L’option cinéma-audiovisuel permet de s’ouvrir au monde, développer son esprit critique et tout simplement grandir.
J’envisage mon avenir en tant que journaliste, toujours à proximité de l’effervescence des caméras et des régies. Je souhaite continuer de filmer, à titre personnel, des moments particuliers pour immortaliser de précieux instants et m’exercer éternellement.