Le studio 43 révolutionne l'expérience cinématographique avec une nouvelle salle modulable
Le cinéma art et essai se distingue par une rénovation majeure et l’ouverture de sa troisième salle, une initiative unique en France. Conçu pour la diffusion et la création, cet espace polyvalent vise particulièrement la jeunesse, marquant ainsi le début d’une ère novatrice dans l’expérience cinématographique.
Créé en 1982, le cinéma associatif Studio 43, situé à Dunkerque, a ouvert au public une troisième salle le 23 août 2023. Cette salle innove par son caractère surprenant et atypique, offrant une modularité complète qui lui permet de passer d’un plateau de tournage à un espace d’atelier ou une salle de projection en fonction du moment de la journée.
Sylvie Presa
Directrice – programmatrice du Studio 43
« Ce qui nous distingue ici au Studio, c’est notre volonté d’expérimenter de nombreuses choses. »
Quelle est l’origine de ce projet ?
Le projet a émergé d’un constat. Bien que la salle existait déjà, elle n’était plus équipée de projecteur. Jusqu’à présent, la municipalité la prêtait à des associations mais son utilisation était limitée. De notre côté, maintenir la diversité cinématographique que nous défendons sur la durée avec nos deux autres écrans devenait un défi. En outre, nous éprouvions des difficultés croissantes à accueillir des séances scolaires.
L’idée était de regrouper toutes les activités de l’association Terre-Neuve, à laquelle le Studio est rattaché, en particulier les ateliers de pratique artistique délocalisés jusqu’alors à l’école d’art, dans un même espace, celui du cinéma. Ce troisième écran était donc crucial pour prolonger la vie des films en salle, accueillir des œuvres plus fragiles et surtout reconquérir les publics jeunes à travers nos projets éducatifs afin qu’ils s’en emparent.
Comment a été pensée cette nouvelle salle ?
La conception de la salle a été entièrement repensée en fonction de notre projet culturel. Elle est multifonctionnelle, se transformant en plateau de tournage avec scène et fond vert, mais aussi en espace d’atelier dédié au travail du son et de l’image. Le nombre de sièges a été réduit à 71 car nous souhaitions associer la projection de films à d’autres manifestations telles que des petites formes de spectacle vivant ou de musiques actuelles, toujours en lien avec le cinéma. De plus, cet espace scénique élargi offre la possibilité de repenser la médiation et de questionner la mobilité des publics dans la salle de cinéma.
Comment envisagez-vous la programmation du cinéma aujourd’hui avec cette nouvelle salle ?
Notre volonté est d’intégrer l’éducation aux images dans la programmation cinématographique. Nous travaillons à l’élaboration d’un catalogue d’ateliers permettant à chacun de comprendre le processus de fabrication d’un film, d’une image, d’un son à travers les métiers du cinéma. Avec cette salle et ces ateliers de courte durée, notre objectif est de sensibiliser le public et notamment les plus jeunes à la création cinématographique. Notre équipe s’est d’ailleurs formée aux techniques du bruitage et du doublage grâce à des résidences d’artistes comme Jean Carl Feldis ou Léa Boos.
Comment les spectateurs ont-ils réagi face à ces changements ?
Nous avons constaté une hausse de la fréquentation, retrouvant même nos chiffres d’avant la période Covid. Le cinéma a subi une transformation sur une période prolongée, avec l’intégration d’un bar dans notre hall. Cette évolution a généré une dynamique incitant le public à venir plus régulièrement pour découvrir toutes ces modifications. Nous avons la chance de disposer de ce long hall réaménagé pour lequel nous aspirons à ce qu’il devienne un espace animé, une sorte de tiers-lieu convivial intégrant progressivement d’autres activités. Notre offre de confiseries s’inscrit également davantage dans une démarche responsable. Nous sommes d’ailleurs associés pour cela à « Mieux manger au ciné ».
Quels conseils donneriez-vous à un exploitant qui souhaite se lancer dans un projet similaire ?
Tout dépend du projet culturel. C’est le projet qui va dicter le choix de l’équipement. Cette salle est arrivée à point nommé en lien avec une réflexion déjà engagée sur ce territoire. Si nous avions dû concevoir une autre salle ailleurs, elle aurait eu une configuration différente. Ce qui nous distingue ici au Studio, c’est notre volonté d’expérimenter de nombreuses choses. Si quelque chose fonctionne, nous continuons, et si cela ne donne pas les résultats escomptés, nous cherchons à améliorer. Il ne faut pas avoir peur de l’échec !
Crédits photos : Studio 43 Dunkerque © Frédérique Toulet