Loin de ce que l’on a pu observer sur les réseaux sociaux pendant ces mois de confinement d’une réalité quotidienne confortable et même récréative de certains artistes auteurs, c’est au plus près de celle de la réalisatrice et scénariste Marie Vernalde que nous sommes allés. De cette période, elle retient surtout la mise en lumière des inégalités sociales et plus précisément pour les femmes. Ce sujet la touche au plus près et est d’ailleurs au coeur de son travail. Ses films se concentrent essentiellement sur des personnages féminins forts et son premier long métrage sur lequel elle travaille actuellement, repose sur l’histoire d’une mère qui court après sa pension alimentaire. « Depuis des lustres, ce sont les femmes qui s’occupent de l’intendance de la maison et ce temps-là, c’est un temps plein. Du coup, le temps de la création est ultra réduit. Il ne faut pas s’étonner après qu’il y ait si peu d’artistes femmes ! » Sa réalité d’auteur est très concrète et pragmatique, loin de l’image léchée d’un temps de création idéalisé, libéré de toutes contraintes. « Pour écrire, j’ai besoin de temps seule et depuis le 16 mars, je ne suis jamais seule. Donc je ne peux pas écrire. La réalité c’est celle-là ! » Marie Vernalde va plus loin dans notre échange et revient avec nous sur sa vision du monde et sa conception du cinéma. Elle insiste sur l’importance de laisser la place aux femmes d’émerger. Pour elle, la littérature et le cinéma ont été indispensables dans sa construction personnelle en tant que femme libre et libérée. Elle évoque des auteurs comme Annie Ernaux, Virginie Despentes, Jane Campion ou des films comme Thelma et Louise, Portait de la jeune fille en feu. Sincère et franche, Marie Vernalde ne pratique pas la langue de bois. Elle s’enthousiasme de cette prise de conscience et termine par ces quelques mots « 0n a le droit de porter haut ! ».
Marie Vernalde, au delà des interventions qu’elle mène dans le cadre de nos actions comme La première des marches, Raconte-moi ta vie !… , a d’abord été actrice à la télé et au théâtre. Elle a grandi, vit et écrit à Amiens, décor de l’action de ses films. Elle a écrit et réalisé trois courts métrages, Le Parloir (2006) sélectionné dans de nombreux festivals nationaux et internationaux, Pour le meilleur (2013) diffusé par Arte et Pas de cadeau, primé en 2016, entre autres, au festival Interfilm de Berlin et diffusé par Canal+.